Un journal pour relire et relier. |
Depuis que le grand Jules (Renard) en a fait un chef d’œuvre du genre, on n’ose plus écrire son Journal en dehors de l’alternative simple : bêtifier dans l’intimité, sans craindre d’être viré ou le risquer en se prononçant, sur des sujets journalistiques. A l’heure du blog planétaire, vouloir préserver le droit à l’erreur, le principe de confidence, ou le vertige du secret a-t-il encore un sens ? Il me semble que oui et c’est pourquoi j’ouvre cette page avec circonspection, loin de la pétaudière indécente des réseaux qu’on dit à tort, sociaux. Prendre la parole c’est justement l’inverse de l’impunité du tweet, de la mascarade facebookienne ou du cynisme de googleliste. Utiliser un média comme la Toile, pour l’ancien tisserand que je suis, consiste d’abord à repérer ce qui s’y trame, d’en comprendre l’armure, d’y respecter la fibre. Evidemment, ça frise l’archéologie du savoir, pour autant on ne saurait s’en passer. Le devoir de tout écrivain est de relire les mots, en relier les idées et y délier la vie. En ce sens c’est un acte religieux, au sens premier du terme. J’en accepte l’augure même s’il est exigeant. |
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